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Déposer un domaine .brussels : intéressant ou pas ?

Vous êtes quelques-uns à nous demander ce que nous pensons de la nouvelle extension de nom de domaine. brussels.

La campagne orchestrée par la région Bruxelloise y est sans doute pour quelque chose. Denis était d’ailleurs interviewé récemment par Télé Bruxelles sur le sujet.

Tout d’abord, un petit tour pour bien comprendre de quoi on parle.

Le marché des noms de domaines, comment ça marche ?

Avant 2009, il existait un nombre limité d’extensions : les génériques, en anglais generic Top-Level Domain ou gTLD composés de 3 lettres (les. com,. org, .net…) et les nationales, en anglais Country Code Top-Level Domain ou ccTLD composés de deux lettres (. be pour la Belgique,. fr pour la France).

Les règles d’obtention d’un domaine dépendent de plusieurs facteurs :

  • la durée (un nom de domaine ne s’achète pas, mais se loue pour une durée limitée de 6mois à 10 ans généralement renouvelable),
  • le prix,
  • la zone géographique du locataire (un. fr ne peut par exemple être loué que par une personne résidente en France),
  • la disponibilité du nom
  • et la propriété intellectuelle (il est fort à parier que vous ne puissiez pas réserver à votre nom propre un nom de domaine de type cocacola.brussel, fût-il libre).

Il existe cependant un second marché des noms de domaines qui permet à les personnes détentrices de noms de domaine de les revendre au plus offrant.

L’histoire est truffée d’anecdotes, on retiendra pour l’illustration que le nom de domaine Sex.com a été revendu 14 millions de dollars cash en 2006 à Escom, société d’entertainment pour adulte (voir le palmarès de reventes).

Votre nom de domaine peut être réservé chez un Registrar, ou Registraire pour les puristes ou encore, Bureau d’enregistrement.

Il s’agit d’une société qui s’est inscrite auprès de divers registres de noms de domaine en fonction des extensions qu’elle souhaite commercialiser et paie pour cela une redevance annuelle.

En Belgique, nous pouvons par exemple citer Register.be en France Gandi.net que nous conseillons généralement à notre client pour le rapport qualité-prix (prix correct pour un service de gestion des domaines via un panel d’administration web assez évolué).

Certains bureaux d’avocats paient également cette redevance pour gérer les noms de domaines de leurs clients dans le cadre d’un service de maintien de la propriété intellectuelle.

Enfin, citons dans les outsiders Proximus qui maintient ce service alors que c’est loin d’être leur core-business et ils s’en occupent donc très mal.

Une nouvelle extension de domaine, comment ça marche ?

En 2012, l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), l’organisme international chargé de gérer le système des noms de domaine, a libéralisé le marché des extensions de nom de domaine.

Ceci afin de faire face principalement à la saturation des noms de domaines réservés avec les extensions limitées.

Concrètement cela signifie que désormais n’importe quelle entreprise peut déposer une  extension de domaine.

L’ICANN prévoit cependant des règles strictes : les futurs appliquants de ces nouvelles extensions devront d’une part disposer des ressources financières suffisantes pour supporter la gestion de cette activité et payer les redevances à l’ICANN et devront d’autre part démontrer leurs compétences organisationnelles, opérationnelles et techniques pour assurer la gestion de ces extensions (source : Libéralisation des noms de domaine).

Les candidats doivent donc montrer patte blanche et mettre la main au portefeuille (on parle de frais de candidature de 180.000$).

Approuvé à Singapour en juin 2011, le plan de libéralisation a démarré par l’évaluation initiale, c’est-à-dire une première phase de recrutement de candidats au premier semestre 2012. En juin 2012, on comptait ainsi plus de 2.000 demandes de nouveaux TLD.

Au 2e semestre 2013, les premières nouvelles extensions ont fait leur apparition suite à une validation de l’ICANN. Les nouvelles extensions de nom de domaine forment trois groupes (source : comment ça marche) :

  • Les extensions ouvertes : extensions en caractères non latins, extensions géographiques (.brussels, .paris, etc.) reliées à un lieu, ville ou région, extensions sectorielles fondées sur des termes génériques qui indiquent la spécialisation d’un site web (.hotel, .radio, .music).
  • Les extensions réservées à une cible spécifique (ex : « .banque »).
  • Les extensions fermées, pour les entreprises qui déposent leur propre nom en tant qu’extension et s’en réservent l’utilisation exclusive (.toyota, .cocacola, …)

Mais c’est en 2014 que la révolution  a réellement commencé. Au 3 août 2014, il y avait un total de 345 nouvelles extensions et un total de 1.799.634 noms de domaine enregistrés dans ces nouvelles extensions (source : Register.be).

L’enregistrement d’un nom de domaine avec nouvelle extension, comment ça marche ?

L’enregistrement d’un nom de domaine dans les récentes extensions peut être très simple ou plus compliqué.

De nombreuses extensions sont disponibles en achat direct : vous réservez le nom de domaine sur le site du registrar en quelques minutes à peine. Attention, cela ne veut pas dire que toutes ces extensions sont accessibles au même prix.

C’est le registrar qui fixe le prix, il est lui-même dépendant de la société qui a fait le dépôt de l’extension.

On notera par exemple que le .audio est accessible chez Gandi au prix de 13,90€ HT/an alors que le .bio vaut 68,66€HT/an.

Sunrise, Landrush, Ouverture

D’autres extensions sont soumises à une procédure plus alambiquée. C’est le cas du .brussels. Dans ce cas précis, comme cette extension revet un caractère géographique, la raison est de pouvoir s’assurer une cohérence et une justesse dans l’attribution des noms de domaine. Il s’agit de réguler le marché d’attribution. Voici les principales étapes

Sunrise – Première phase
  • Du 1er septembre au 1er octobre 2014
  • Réservée aux propriétaires de marques qui ont enregistré leur marque auprès de la Trademark Clearinghouse.
Sunrise – Deuxième phase
  • Du 2 octobre au 3 novembre 2014
  • Réservée aux organismes publics, organisations et entreprises établies en Belgique
Sunrise – Troisième phase
  • Du 13 novembre au 15 décembre 2014
  • Réservée aux particuliers (les données personnelles doivent pouvoir être vérifiées via eID)
Landrush
  • Du 16 décembre 2014 au 15 janvier 2015
  • Ouvert à tous, mais s’il y a plusieurs demandes pour un même nom de domaine, celui-ci sera vendu aux enchères
Disponibilité Générale
  • Dès 16 janvier 2015
  • N’importe qui pourra enregistrer des noms de domaines .brussels (principe du « premier arrivé, premier servi »)

Que pense Spade du .brussels ?

Les arguments mis en avant par la Région de Bruxelles Capitale sont :

  1. Afficher avec fierté son appartenance à la région de Bruxelles
  2. Maintenir le lien avec ses clients locaux
  3. Améliorer son référencement
  4. Si votre nom de domaine en .be vous a échappé, voici sans doute la meilleure alternative
Concernant la régionalité

Vous l’avez compris, cela n’a d’intérêt sur ce point que si vous voulez marquer votre appartenance géographique. Si vous êtes une association bruxelloise, une société domiciliée sur le territoire de Bruxelles Capitale ET active dans le tissu culturel, social, économique de la ville, oui, effectivement cela fait sens. C’est donc un élément identitaire sur lequel vous pourrez jouer. Si vous lancez une startup de bière appelée la Fabs brassée à Bruxelles, cela fait sens de disposer d’un nom de domaine fabs.brussels (notez que vous pourriez également réserver le nom de domaine fabs.beer).

Le conseils est également d’intégrer l’extension dans votre identité visuelle. Si vous lancez une activité de location de vélos dans Bruxelles, vous pourriez ainsi appeler votre projet easycycling.brussels et développer un logo qui intégrerait tout de suite l’extension .brussels…

Concernant le référencement

C’est l’un des bénéfices annoncés de l’arrivée des nouvelles extensions de nom de domaine : une meilleure visibilité sur Internet et donc un meilleur positionnement sur les moteurs de recherche.

Prenons par exemple le nom de domaine actuel de l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles : stpierre-bru.be

Elle a tout intérêt effectivement à disposer du nom de domaine saintpierre.brussels. Le .brussels va à la fois remplacer le .be et le suffixe du nom -bru. Google va mieux identifier le caractère identitaire du nom de domaine et en terme d’image de marque c’est également une plus-value. Si elle vise une réputation plus internationale, peut-être peut-elle tenter d’acquérir saintpierre.clinic ?

Vous l’avez compris, tout est donc dépendant du contexte : votre activité , vos public cibles, votre bon ou mauvais positionnement stratégique actuel.

Et le .wallonia ?

Renseignements pris, ce ne serait pas un dossier prioritaire du côté des instances régionales wallonnes. Un manque de moyen financier ? Un manque de compétences stratégiques ? On est en droit de se poser au moins la question…

Ressources supplémentaires

  1. La liste complète des extensions de domaines