Quel CMS choisir en 2016 ?
Vous êtes sur le point de lancer une nouvelle plateforme de contenu sur le web ? Ou de refaire votre site ? Vous hésitez encore sur l’outil qui va vous accompagner durant les mois et années à venir ? Cet article ne désignera pas pour vous l’outil idéal répondant à vos désirs mais il vous propose une approche méthodique. Elle vous aidera à décider en ayant évalué une série de critères pertinents que nous allons vous expliquer.
A la demande d’un de nos clients, nous avons récemment établi un classement des solutions de Content Management (CMS) disponibles afin de l’aider à choisir l’outil qui « matcherait » le mieux sa réalité (la quantité de contenu à gérer, la forme de l’équipe éditoriale, la compétence de l’équipe IT, la mise en place de nouveaux modules via notamment des connections de type API, le support, etc.). Nous avons limité notre analyse à des solutions de type PHP/MySQL. Voici la liste des critères retenus et les motivations derrière leur sélection, ainsi qu’un matrice reprenant les CMS :
Long Term Support (LTS)
Héritée du monde des Systèmes d’Exploitation, les OS, la notion de Long Term Support fait son chemin dans l’univers des CMS. Une version LTS d’un CMS vous prémunit d’un migration vers une nouvelle version durant plusieurs mois ou années. Elle vous garantit aussi un support sécurité. Si un bug est détecté, une faille identifiée ils seront résolus jusqu’au terme du support.
C’est un gage de stabilité. Certains CMS ont une approche LTS, les autres offrant plus une approche RERO (release early, release often). En fonction de la dépendance à votre CMS de systèmes externes ou l’inverse (import, API,…) le choix d’une approche LTS peut représenter une meilleure stabilité de votre eco-système.
Multilinguisme
Le mutlilinguisme est un aspect important en Belgique. Dans le monde il devient de plus en plus une réalité prise en compte nativement par les Content Management Systems. Si cette réalité a échappé aux concepteurs d’un CMS, ils font usage de plugins, addons pour étendre le comportement du CMS à la gestion de contenus multilingues. Certains gèrent le multilinguisme par une approche multisite. C’est un contrainte importante (double gestion d’arborescence, double encodage, parfois double authentification et maintenance…) mais qui offre une grande liberté de différentiation des sites.
Un multilinguisme natif apte à proposer une interface d’admin elle-même multilingue est un atout, car il est intrinsèque au CMS et donc n’induit pas de compromission entre la simplicité et l’efficacité.
Ergonomie zone d’administration
Un Content Management System, c’est un outil d’édition de contenu qui permet à des utilisateurs disposant de rôles différents de mener à bien des tâches spécifiques : upload d’image, mise à jour de contenu, création d’article, création de membres, traduction, validation de contenu… Les contextes d’utilisation peuvent être différents (valider un article sur un téléphone mobile, rédiger depuis une tablette, éditer la configuration sur un écran large,…). La simplicité d’accès aux tâches, la concordance avec des patterns d’éditions proches des traitements de texte sont pour les utilisateurs novices un gage d’apprentissage et de maîtrise rapides.
Extensibilité (plugins)
Un bon CMS gère du contenu. Que ce soit des posts, des nodes, des pages, des médias ou des articles. Mais un site web c’est du partage social, des formulaires, de l’authentification, des plans, des stats, et une myriade d’autres fonctions qu’il faut mettre en oeuvre à l’aide de greffons logiciels, de plugins, add-ons. La richesse du catalogue des plugins garantit l’extensibilité de votre CMS à d’autres fonctions que celles natives. C’est plus de fonctionnalités pour moins d’argent.
API (import)
Si vous partez de rien, vous n’aurez pas de contenu à importer dans votre nouveau CMS. Si vous avec déjà un site, des listes, des CSV, du XML… les fonctions d’import de contenu, de membres sont essentielles à la mise en route de votre site.
Framework
Si votre site doit s’étendre, faire des choses qu’aucun autre site ne fait, ou dialoguer avec des interfaces logicielles exotiques, un framework de développement garantit que vos développeurs, votre agence, ou celle qui remplacera celle que vous utilisez aujourd’hui travailleront selon un ensemble de règles garantissant une maintenabilité de votre code dans le temps.
Templating
Le rendu de vos données peut se faire via des commandes PHP du SQL parsemé dans du HTML et de la CSS… ou vous pouvez disposer d’un système de templating qui assure la séparation entre code et structure de rendu de vos informations. Vos développeurs front-end ne risquent pas de « briser » le travail des développeurs back-end et inversément. Ils ne deviennent pas – contraints et forcé – des développeurs full-stack car les outils restent autonomes.
SOLR
Un bon moteur de recherche passe souvent par l’utilisation d ‘un outils externe d’indexation. SOLR est un outil que nous affectionnons. Il est gratuit. Propose des facettes. Disposer d’un outil de recherche interfacé directement avec SOLR est un gage de mise à disposition d’un outil de recherche interne optimal.
Prix
Les CMS ne sont pas tous gratuits… Et cet aspect payant n’est pas nécessairement négatif. On remarque que la réactivité des éditeurs est souvent assez forte quand on devient « client » de la solution. Au contraire, l’aspect gratuit peut induire une relation plus anonyme et induit parfois une communauté moins structurée et moins soucieuse d’un support technique. C’est pourquoi nous conseillons aussi de s’informer sur la qualité de la communauté autour du CMS (voir ci-dessous).
Coût Extensions
Les plugins peuvent aussi avoir un coût, c’est parfois un modèle économique en soit. Le CMS est gratuit et les plugins payants, c’est le modèle « Freemium ». Une fois de plus, cela ne doit pas être perçu comme un frein. Un plugin qui fait très bien son travail, qui évite de réinventer la roue et qui coûte 99€ c’est un meilleur investissement qu’un plugin gratuit qui introduit une faille de sécurité sur le serveur web (cas vécu). La qualité des extensions peut souvent se mesurer sur les fiches de description disponibles sur les sites qui les référencent : date de la dernière mise à jour, courbe des interventions, commentaires et réactions, nombre de bugs rapportés et corrigés, etc.
Licence
Que me permet la Licence, dois-je republier mes modifications au code, puis-je gagner de l’argent avec mon site si je fais usage d’un CMS gratuit ?
Communauté
La communauté autour du CMS est-elle active, atteignable et disponible ? Un CMS est historiquement lié à un territoire, un CMS peut être Belge, Franco-Suisse, Américain, Danois… Il s’est répandu dans une communauté linguistique, géographique précise, il faut pouvoir trouver des experts soit via les réseaux soit IRL. La réactivité, l’enthousiasme de la communauté est aussi un facteur de pérennité du CMS, certains périclitent ou sont en danger car les « propriétaires » du projet prennent des décisions en opposition avec les intérêts de la communauté ou des membres influents. Autant savoir si on entre dans un monde pacifique ou pas. Enfin, c’est souvent au travers de cette communauté qu’on pourra trouver les ressources nécessaires à pérenniser son projet : le besoin d’un plugins à créer sur mesure, d’engager un développeur web spécialisé sur cette technologie…
Sur base de ces critères, voici le résultat de notre analyse sur 7 CMS testés.
Première version | 2001 |
Multilingue | Natif |
Admin multilingue | Oui |
Ergonomie admin | Responsive/paramétrable |
Extensibilité | ***** |
API (import) | CSV/XML/SOAP/RSS/REST plugin |
Framework | Symfony2 |
Templating | Twig |
LTS/RERO | 8.* (2022) |
Intégration Apache SOLR | Extension |
Prix | 0€ |
Prix moyen d’extension par site | 0€ |
Intégration Apache SOLR | Extension |
Licence | GPL2 |
Qualité/grandeur de la communauté | ***** |
CMS développé à l’origine en Belgique, Drupal est un acteur souvent incontournable. Le tableau parle de lui-même, il dispose de nombreux atouts. Nous y mettrons deux garde-fous : Drupal n’est pas adapté à tous les cas de figure. Cela reste un gros CMS et qui dit gros dit gourmand en ressources également. Il est donc plutôt recommandé pour des projets d’envergure. Ensuite, il faut prendre en compte la difficulté de trouver des développeurs de qualité. C’est souvent l’apanage des CMS à succès, la communauté est large mais les vrais experts restent forts sollicités. Drupal évolue bien : depuis la version 8, il est passé sous Symfony2 au niveau du backend et utilise le langage de templating Twig. La politique de Long Term Support est étendue (la version 8 de Drupal sera maintenue jussqu’en 2022). La dernière mise en garde concerne les mises à jour de versions; changer de version sous Drupal reste un passage douloureux si on est dépendant de nombreux plugins. Certains considèrent même qu’il vaut parfois mieux dans ce cas en profiter pour mettre en place un nouveau frontend.
Première version | 2005 |
Multilingue | Natif |
Admin multilingue | Oui |
Ergonomie admin | Responsive/paramétrable |
Extensibilité | *** |
API (import) | XML/SOAP |
Framework | Joomla! Framework |
Templating | JDOC |
LTS/RERO | 3.* (2017) |
Intégration Apache SOLR | Basique |
Prix | 0€ |
Prix moyen d’extension par site | 200€ |
Intégration Apache SOLR | Basique |
Licence | GPL2 |
Qualité/grandeur de la communauté | *** |
Joomla! fait également office de dinosaure dans le parc des CMS opensource. Plus léger et souple que Drupal, il s’installe et se configure rapidement. Il n’a malheureusement jamais réussi à convaincre une très large communauté sans doute par un manque d’ambition et de choix technologiques éclairés. Mais il continue son petit bonhomme de chemin en ayant notamment fait le choix de développer son propre framework.
Première version | 2003 |
Multilingue | Extension |
Admin multilingue | Oui |
Ergonomie admin | Responsive/paramétrable |
Extensibilité | ***** |
API (import) | CSV/XML/RSS/REST plugin |
Framework | underscore.js, backbone.js, react.js |
Templating | PHP/Shortcodes |
LTS/RERO | 4.* (rero) |
Intégration Apache SOLR | Extension |
Prix | 0€ |
Prix moyen d’extension par site | 200€ |
Licence | GPL2 |
Qualité/grandeur de la communauté | ***** |
La grande force de WordPress c’est sa communauté ultra active. On ne se sent jamais seul en développant sous WordPress (En 2015, il est utilisé par 25 % des sites web dans le monde). Le revers de la médaille du succès c’est que cela en fait un CMS sujet à de nombreuses attaques et qu’il est donc fortement conseillé de le mettre très régulièrement à jour. Aujourd’hui il est courant d’entendre qu’on sait tout faire avec WordPress. Dans la pratique, il y a bien entendu à boire et à manger comme dans toutes les communautés. Parmi ses atouts on retrouve donc son énorme extensibilité, sa courbe d’apprentissage, son panel d’administration responsif, son intégration avec SOLR pour étendre les fonctionnalités de recherche. On est plus réservé sur son absence de langage de templating qui ouvre la porte aux bidouillages.
Première version | 2012 |
Multilingue | Natif |
Admin multilingue | Oui |
Ergonomie admin | Responsive/paramétrable |
Extensibilité | ** |
API (import) | REST plugin |
Framework | YII |
Templating | Twig |
LTS/RERO2 | 2.* (rero) |
Intégration Apache SOLR | Extension |
Prix | 300€ |
Prix moyen d’extension par site | 200€ |
Licence | Propriétaire |
Qualité/grandeur de la communauté | ** |
Craft est le challenger du moment. Encore jeune, il n’a pas la carrure des solutions listées dans cet article mais évolue vite et bien. On apprécie son panel d’administration minimaliste et responsif, la gestion native de la création d’objets de contenus customs, l’utilisation du langage de templating Twig, son installation rapide et sa courbe d’apprentissage. La communauté est encore réduite mais un bel avenir lui est annoncé. A noter qu’il n’est pas tout à fait gratuit. Pixel&Tonic, la société éditrice propose une formule « freemium » qui permet de l’utiliser gratuitement mais avec des fonctionnalités restreintes. Il existe ensuite deux formules tarifaires. Une série de plugins à des prix variables permettent d’étendre les fonctionnalités natives. On a pu constater que le prix d’achat est souvent aussi justifié par un support de qualité.
Première version | ? |
Multilingue | Multisite |
Admin multilingue | Non |
Ergonomie admin | Responsive/paramétrable |
Extensibilité | * |
API (import) | CSV/XML plugin |
Framework | CodeIgniter |
Templating | EE |
LTS/RERO2 | 3.* (rero) |
Intégration Apache SOLR | Néant |
Prix | 300€ |
Prix moyen d’extension par site | 200€ |
Licence | Propriétaire |
Qualité/grandeur de la communauté | * |
Basé sur le framework MVC CodeIgniter, ExpressionEngine était promis à un bel avenir. Il semble qu’EllisLab, l’équipe éditrice, ait fait certains choix stratégiques qui assombrissent malheureusement celui-ci. Une partie de la communauté ne semble plus vouloir développer des extensions sous la récente version 3. ExpressionEngine est un outil puissant, flexible et très bien structuré. Comme Drupal, il n’est pas conseillé pour de petits projets mais une fois installé, il permet une gestion long terme du site web, sa faiblesse réside dans son peu de considération pour le multilinguisme.
Première version | 2001 |
Multilingue | Natif |
Admin multilingue | Oui |
Ergonomie admin | Paramétrable/non responsive |
Extensibilité | ** |
API (import) | RSS/XML plugin |
Templating | Squelettes SPIP |
LTS/RERO2 | 3.1* |
Intégration Apache SOLR | Néant (alternative : Sphinx) |
Prix | 0€ |
Prix moyen d’extension par site | 0€ |
Licence | GPL2 |
Qualité/grandeur de la communauté | * |
SPIP dispose d’une petite communauté principalement francophone qui reste fort active et défend bec et ongle son animal fétiche. Il y a de quoi, l’API de SPIP développé depuis 2001 est stable et traverse les époques en prouvant toujours son efficacité aussi bien sur de petits que de grands sites. SPIP souffre malheureusement d’une image peu professionnelle souvent identifié avec dédain comme un « CMS pour les assoc' ». Il est vrai que son statut open-source et sa courbe d’apprentissage lui ont valu de se faire accaparer par une quantité de « webmasters » en herbe au début des années 2000. Depuis SPIP suit son petit bonhomme de chemin, peu d’équipes éditoriales qui l’utilisent regrettent leur choix car il reste très efficace. Bien qu’extensible via son système de plugins, il faut parfois y regarder à deux fois avant de foncer car tous ne se valent pas. Au niveau des mises à jour, SPIP ne dispose pas réellement d’une approche Long Term Support mais le passage d’une version à une autre est incomparable avec Drupal par exemple : à peine quelques « boucles » à corriger. Quant aux vieilles versions, les failles de sécurité continuent à être corrigées.
Première version | 1997 |
Multilingue | Natif |
Admin multilingue | Oui |
Ergonomie admin | Paramétrable/non responsive |
Extensibilité | ** |
API (import) | RSS/REST/XML/SOAP plugin |
Framework | EXTBASE |
Templating | Fluid |
LTS/RERO2 | 7.6 (2018) |
Intégration Apache SOLR | Extension |
Prix | 0€ |
Prix moyen d’extension par site | 0€ |
Licence | GPL2 |
Qualité/grandeur de la communauté | ** |
Typo 3 enterre tout le monde sur la longévité. Il n’en demeure pas moins un CMS peu populaire dans nos contrées, sa communauté est plus scandinave (et quelques pays germaniques). Les bons développeurs Typo3 sont donc une denrée rare et recherchée ! Car Typo3 est une plateforme robuste et puissante permettant de développer des architectures de sites très complexes. Ceux qui découvrent le web sur cette décennie risquent de faire un infar en découvrant le backoffice.
Tableau comparatif complet
Dans la vidéo ci-dessous, nous repassons les points abordés dans cet article lors d’une conversation entre Benoît Vrins et Denis Balencourt (Lire la retranscription textuelle).